Les courants d'air |
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Les jours qui devaient suivre la rencontre avec Cath et Chris allaient être pour moi un véritable voyage dans un monde totalement inconnu où peur, angoisse, curiosité, joie et bonheur se mélangeaient souvent, donnant l’envie d’avancer dans ce périple. De multiples questions venaient alors me titiller l’esprit, Chris et Cath étant là pour y répondre, je pouvais alors avancer plus sereinement. Avant même de les rencontrer, il m’arrivait très souvent de ressentir une sorte de petit courant d’air comme une caresse sur la joue et ce, toujours au moment où j’étais le plus détendu, quand je pianotais sur le clavier de mon ordinateur. Cela faisait tout drôle et me paraissait bizarre à l’époque étant donné que toutes mes fenêtres étaient fermées et que, comme n’importe qui l’aurait fait à ma place, j’avais obstrué les bouches d’aération de mes fenêtres avec du coton, essayant de trouver ce côté rationnel et sécurisant qui font que l’on vit sans trop se poser de questions. Rien n’y faisait, ce phénomène étrange continuait et devait même s’amplifier par la suite. Alors que j’étais allongé, bien emmitouflé sous ma couette, près à passer une nuit à dormir, le courant d’air sortait de nul part, frôlait mon corps de bas en haut. Le doute n’était plus permis, il y avait bel et bien quelque chose d’étrange dans mon lit qui m’angoissait et m’empêchait de trouver le sommeil. Dès l’arrivée du jour, je téléphonais à cath accourant chez elle comme un fou pour trouver une explication à ce qui se passait. Elle me soulageait alors en me disant qu’il n’y avait rien de mauvais dans tout ça et que ce que je ressentais n’était en fait qu’une visite nocturne de quelqu’un qui ne me voulait que du bien, une personne de ma famille, partie quelques années auparavant qui se manifestait de la sorte. Il me fallut quand même deux semaines pour m’habituer à cela et surtout à l’admettre. Cette façon de se présenter à moi allait s’estomper doucement, du moins en ce qui concerne mon lit, je n’avais plus peur. Le phénomène se reproduisait maintenant dans mon salon, en plein jour, et certaines de mes amies pouvaient à leur tour sentir le courant d’air. J’étais à même de leur expliquer le pourquoi du comment pour ne pas qu’elles aient peur, les choses allaient de mieux en mieux, je savais alors de quoi je parlais, je progressais de jour en jour. Dans l’intervalle, une expérience sympathique devait alors se produire chez moi, une surprise pour le moins inattendue. J’étais chez Chris et Cath à boire le café quand mon téléphone portable sonna. Une étudiante de l’université de Brest qui faisait une étude sur la voyance m’appelait, elle était désireuse de me rencontrer afin de discuter du sujet, ce que j’acceptais sans hésitation et le rendez-vous fut pris pour la semaine suivante pour elle et son amie. La veille de la date conclue entre nous, elle me rappela pour confirmer sa venue et je ne pus m’empêcher de penser qu’en fait elles viendraient à trois et non pas à deux comme prévu initialement, ce qui s’avéra exact. Je les reçus dans mon salon, les deux filles étaient effectivement accompagnées d’un jeune homme. Ils sortirent un questionnaire préparé d’avance auquel je répondis de mon mieux, expliquant ceci ou cela quand soudain, un courant d’air vînt me caresser la joue, une nouvelle expérience démarrait alors. Je ne sais ni pourquoi ni comment, mais dans mon fond intérieur, je sentais que cette visite ne m’était pas destinée mais que l’entité se servait de moi pour transmettre un message à l’une des étudiante et je sus de suite à qui cela était destiné. Je dis alors à la jeune fille qu’elle allait ressentir un léger courant d’air froid l’envelopper ce qui arriva dans les secondes suivantes, elle me fit un peu rire quand elle mit son manteau pour se réchauffer, cela ne servit à rien. Quelques phrases clés sortirent alors de ma bouche « accident de scooter » et « mots manuscrits dans un livre ». La jeune fille me confirma que son ami était décédé dans un accident de scooter et qu’elle lui avait écrit un petit mot après son départ qu’elle avait glissé dans un livre, à l’abris des regards indiscrets. Je lui dis alors que son ami décédé la remerciait pour ce message et que de la haut, il l’avait lu. Le courant d’air fit une dernière fois le tour de la table, me caressa la joue comme pour me remercier, ce qui me fit chaud au cœur. Le groupe d’étudiants me quitta, j’étais ému, je venais de faire du bien à quelqu’un qui avait perdu une personne chère et qui, par mon intermédiaire, avait pu, l’espace d’un instant entrer en contact avec son ami et en quelque sorte, prouver à trois personnes qu’il y a autre chose, une vie après la vie.
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