Kérizinen : La jeunesse de Jeanne-Louise Ramonet.
Situé sur la commune de Plounévez-Lochrist, près de Lanhouarneau, Kérizinen est un petit hameau du nord Finistère composé de trois fermes, perdu au cœur de la campagne bretonne. C’est là que vivait la famille Ramonet : Yves, Marie-Yvonne et leurs neuf enfants, dont Catherine, décédée à l’âge de sept mois. Jeanne-Louise, née le 7 octobre 1910, était la quatrième de la fratrie. De constitution fragile, elle conserva toute sa vie les séquelles d’une paralysie survenue durant l’enfance, auxquelles s’ajouta plus tard une décalcification. Sa santé délicate l’empêcha de fréquenter l’école avant ses dix ans, mais grâce au soutien des religieuses de Plounévez-Lochrist, qui prirent le relais de sa marraine en l’accueillant comme pensionnaire, elle réussit à obtenir son certificat d’études. Jeanne-Louise aurait aimé poursuivre ses études, mais la vie la ramena à Kérizinen, où elle aida sa mère dans les travaux domestiques, selon ses forces. La ferme étant trop petite pour nourrir toute la famille, M. Ramonet reprit son métier de boucher de campagne, allant de ferme en ferme tuer le cochon, comme cela se faisait souvent à l’époque. Avec le temps, seuls Anne-Marie et Jeanne-Louise restèrent à la ferme, les autres enfants étant partis travailler ailleurs ou s’engager dans la marine. Le hasard — ou la providence — voulut que Jeanne-Louise naisse le jour du Très Saint Rosaire. Elle fut baptisée le jour même, ses parents étant très pieux et membres de la Confrérie du Rosaire. Dans les foyers du village, les familles se réunissaient pour prier ensemble, et dès qu’ils en avaient l’âge, les enfants rejoignaient les adultes pour réciter le chapelet. Madame Ramonet enseignait le catéchisme aux enfants du voisinage, et c’est dans ce climat de foi que Jeanne-Louise grandit, nourrissant très tôt un amour profond pour Dieu et la Vierge Marie. À douze ans, de retour de la communion, elle entendit intérieurement une petite voix lui dire : « Sois mon apôtre, aime tes frères ». À quatorze ans, elle se donna entièrement à Dieu. Tout au long de sa vie, Jeanne-Louise vivra des dialogues intérieurs porteurs de messages spirituels, concernant principalement sa propre vie. Chaque hiver, elle se rendait à l’hôpital de Brest pour y suivre un traitement ; elle y aidait au ménage, à la vaisselle, donnait le catéchisme aux enfants malades et apprit même à faire des piqûres. Elle souhaita entrer au couvent, mais fut refusée à deux reprises à cause de sa santé fragile. À l’âge de 17 ans, son père contracta la typhoïde et en réchappa, mais sa mère et deux de ses enfants succombèrent à la maladie. M. Ramonet mourut à son tour en 1930, d’une crise cardiaque. Jeanne-Louise et Anne-Marie restèrent seules à Kérizinen. En 1936, un pèlerinage à Lourdes permit à Jeanne-Louise de connaître une semi-guérison, suffisamment notable pour qu’elle cesse ses séjours à l’hôpital de Brest. C’est dans ce climat de silence, de simplicité et de foi que, le 15 septembre 1938, Jeanne-Louise Ramonet vit pour la première fois apparaître la Vierge Marie dans le jardin familial. La Dame, toute de lumière vêtue, se montra à elle sur un fond d’étoiles, les mains ouvertes dans un geste de paix. Ce fut la première d’une longue série d’apparitions, marquées par une grande douceur et la transmission de messages empreints d’amour, de prière, d’appel à la conversion et à la confiance en Dieu. Ces messages, que Jeanne-Louise reçut jusqu’en 1965, sont restés confidentiels pendant de nombreuses années, portés dans le silence de son cœur. Kérizinen devint, au fil du temps, un lieu de prière discret mais fervent. Les pèlerins commencèrent à venir, attirés par le rayonnement du lieu, le témoignage de Jeanne-Louise et la paix profonde qui y règne. On l’appelle aujourd’hui « le petit Lourdes breton » en raison des grâces nombreuses reçues par les cœurs ouverts à la foi. Jeanne-Louise vécut dans la pauvreté, la simplicité et l’humilité jusqu’à sa mort en 1995. Elle ne chercha jamais à se mettre en avant ni à convaincre ; elle se contenta d’aimer, de prier et de transmettre ce qui lui avait été confié, dans la fidélité et la discrétion. |
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